" L’enfant se développe, s’équilibre, s’épanouit grâce aux liens qu’ils tissent avec d’autres que ses proches — des pairs autres que sa fratrie ; des adultes, autres que ses parents, qui l’assistent et qui l’instruisent — et avec les objets du savoir qui vont le rendre plus capable d’agir dans le monde.

Même dans le monde où nous vivons, fluctuant et connecté de toutes parts, l’école maternelle reste le premier lieu où les enfants d’une même génération construisent entre eux des relations sociales, amicales ou d’opposition, d’aide ou d’émulation, durables ou éphémères...,

Elle est aussi le premier temps où, ensemble, ils abordent les savoirs et la culture que leur long parcours d’élève leur permettra d’approfondir. Entrer dans les apprentissages, c’est bien entrer dans des champs infinis de relations à travers les époques, les disciplines, des langues et des langages.
Comprendre, penser, c’est toujours établir des liens entre des objets, des entités abstraites, des phénomènes, des états, des moments…
Bâtir des relations de tous ordres, c’est bien la tâche des enfants ; apprendre, c’est relier. Par le regard, par les contacts corporels, par le langage, les enfants communiquent entre eux ; c’est si fondamental que les défaillances de cette relation de base inquiètent, à juste raison.

Dans un nouvel environnement, pour faire face à la rupture de connivence avec les proches de « la maison », la relation juste avec des adultes bienveillants crée le sentiment de sécurité et de confiance indispensable pour qu’ils investissent les activités, ne soient plus dans la solitude ou l’esseulement (à tous les âges, un seul être vous manque et tout est dépeuplé…).
Les liens du regard sont aussi forts que les liens de paroles.

Un pédopsychiatre en dit long qui insiste sur le besoin de l’enfant de réussir par lui-même sous le regard d ’un adulte témoin de sa réussite ; même muette, cette relation est un acte de promotion, un signe de considération, le fondement de l’évaluation positive dont tout humain a besoin. L’évaluation est d’abord affaire de relation. Mais les relations utiles aux enfants ne sont pas seulement celles dont ils sont les sujets ; il y a toutes celles dont ils sont les objets ou les prétextes.

C’est dans l’intérêt des enfants que les professeurs des écoles établissent des relations avec les parents et construisent les ponts entre l’ailleurs et l’école, entre la culture de la maison et celle de l’école ; c’est dans l ’intérêt des enfants que les maîtres(ses) se parlent et tissent ensemble les relations de travail qui construisent des parcours harmonieux ; c’est dans l’intérêt des enfants qu’elles/ils parlent avec les agents spécialisés des écoles maternelles et organisent ensemble des environnements agréables et fonctionnels, des soutiens toujours là ; c’est dans l’intérêt des enfants qu’elles/ils cherchent dans leur environnement les ressources humaines ou culturelles qui permettront de mieux répondre aux besoins de tous.

A Pau, du 2 au 4 juillet 2014, en nous penchant sur ce réseau de liens de toutes sortes qui fait la quotidienneté de l’école, nous la verrons autrement ; nous retrouverons le sens oublié des actes les plus ordinaires, nous identifierons des manières diverses de faire, dont certaines sont peut-être meilleures que d’autres. Car c’est aussi par les liens qu’ils entretiennent entre eux, en pensant aux enfants, que les professeurs des écoles grandissent dans leur métier. Comme l’évaluation, la formation est affaire de relation".

Viviane Bouysse
Inspectrice Générale de l’Education Nationale

"Relation école / famille", du 2 au 5 juillet 2014, Echirolles | GFEN : Groupe français d'éducation nouvelle | XXIX Congrès de la FNAREN : http://www.gfen.asso.fr/fr/congres_fnaren_2014

Congrès de l'AGEEM " Enfant, école, familles... des liens à tisser dès l'école maternelle ?" 2-3-4 juillet, Pau : http://www.gfen.asso.fr/actualites_1/congres_ageem_2014

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