Comment tenir bon face à la difficulté d'éduquer? De nombreux parents choisissent  la voix de l'accompagnement et de la solidarité"


Avec l'autorisation de V.Lalann - Photographe et Agnès AUSCHITZKA.

"Tous les parents veulent le meilleur pour leur enfant. C’est certain. Mais combien sont-ils à douter de leur capacité d’être de bons parents ? Sans doute beaucoup, si l’on en juge par le nombre de demandes d’aide et de soutien qui s’expriment aujourd’hui. Parfois, les premiers signes de la perte de confiance apparaissent dès le retour de la maternité. Ce fut le cas pour Elisabeth Farre qui, 15 ans après la naissance de son premier enfant, se souvient : « Chaque nuit, pendant près de trois ans, dit-elle, je me suis battue avec ma petite fille qui ne voulait pas dormir et me le faisait savoir à grand renfort de colère et de chantage. Un cauchemar éveillé qui a gâché mon bonheur d’être mère, d’autant que je n’étais pas soutenue par mon mari, très souvent à cause de son métier. J’avais lu des tas de livres, mais je ne m’en sortais pas. A mes yeux, j’étais vraiment une très mauvaise mère.(...)....,

"Tous les parents veulent le meilleur pour leur enfant. C’est certain. Mais combien sont-ils à douter de leur capacité d’être de bons parents ? Sans doute beaucoup, si l’on en juge par le nombre de demandes d’aide et de soutien qui s’expriment aujourd’hui. Parfois, les premiers signes de la perte de confiance apparaissent dès le retour de la maternité. Ce fut le cas pour Elisabeth Farre qui, 15 ans après la naissance de son premier enfant, se souvient : « Chaque nuit, pendant près de trois ans, dit-elle, je me suis battue avec ma petite fille qui ne voulait pas dormir et me le faisait savoir à grand renfort de colère et de chantage. Un cauchemar éveillé qui a gâché mon bonheur d’être mère, d’autant que je n’étais pas soutenue par mon mari, très souvent à cause de son métier. J’avais lu des tas de livres, mais je ne m’en sortais pas. A mes yeux, j’étais vraiment une très mauvaise mère.(...).

Aujourd’hui, Elisabeth, mère de trois grands adolescents, se bat toujours. Et sans doute beaucoup plus encore, tant les sujets de frottement sont nombreux à cet âge : le rangement de la chambre, le port du casque, les sorties, le travail, les copains, la télé, Internet, la tenue vestimentaire… « Tout est problème et c’est usant », reconnaît-elle. Mais si Elisabeth garde le moral et ne baisse pas les bras, c’est qu’elle a retrouvé confiance en elle et en ses compétences. Le déclic s’est fait après la rencontre de celle qu’elle appelle aujourd’hui avec tendresse « sa mamie de cœur ».
L’histoire ressemble à un conte de fées. Un soir où Elisabeth rentre chez elle avec ses trois jeunes enfants, épuisée par les courses de ravitaillement, elle rencontre dans le hall de son immeuble « la dame du dessus ».

« Je ne lui avais jamais parlé auparavant, dit-elle. C’était une femme âgée, très distinguée, qui m’intimidait. Ce soir-là, comme tant d’autres, mes enfants se chamaillaient, hurlaient et se tenaient très mal pendant que je me débattais avec mes paquets, les clés, le courrier et la poussette du dernier. J’étais morte de honte. Je craignais une remarque de la part de cette dame que mon second fils venait de bousculer légèrement. Or, surprise, elle s’est penchée pour ramasser un de mes paquets et m’a dit en caressant la tête de mon bébé : “Le temps des petits est loin pour moi. Je suis seule maintenant, venez donc déjeuner avec les enfants dimanche. Cela nous fera du bien à tous.” » Effectivement, ce dimanche, tout a changé dans la tête d’Elisabeth : « Nous avons échangé très simplement sur toutes sortes de choses, raconte-t-elle, et j’ai compris qu’on ne pouvait pas être bon parent tout seul. J’avais simplement besoin d’être aidée et accompagnée dans ma tâche de parent. »

Le monde de la petite enfance a été pionnier

Être revalorisé dans sa fonction de parent comme le fut Elisabeth par sa voisine, favoriser la solidarité et l’échange d’expériences, aider à l’harmonisation entre vie sociale et vie familiale, tels sont les objectifs des lieux de soutien qui se multiplient un peu partout depuis une dizaine d’années sous de multiples formes : groupes d’échange et de débat, services d’écoute et de conseils, cycles de formation, etc.

Sans doute le monde de la petite enfance, à travers les lieux d’accueil enfants-parents, a-t-il été pionnier dans cette démarche. « En impliquant fortement les parents au projet d’accueil de leur enfant et à la vie de la structure, nous avons développé une culture et une reconnaissance de la parentalité conçue comme une compétence spécifique à vivre en partenariat avec les professionnels », explique Emmanuelle Murcier, de l’équipe nationale de l’Association des Collectifs enfants-parents-professionnels (lire Repères). Et de défendre la variété socio-culturelle des familles engagées dans ces lieux d’accueil : « Parfois, note Emmanuelle Murcier, les différences de sensibilité ou de pratiques éducatives des familles provoquent des incompréhensions, voire des chocs culturels. Mais l’implication des parents à la marche de la structure les oblige à se parler. Au final, souligne Emmanuelle Murcier, ces échanges, mais aussi la création d’espaces de régulation, de débat et de médiation permettent de dépasser ces “chocs culturels”, pour mieux se comprendre, apprendre de l’autre et aussi, pour inventer un fonctionnement qui convienne à chacun. »

Dans le même esprit d’aide et de soutien, on doit citer désormais les sites parentaux, autonomes ou complémentaires d’autres supports (presse, télévision, association, etc.). D’un clic, les parents trouvent ainsi sur la Toile mondiale – les sites québécois éducatifs sont les plus anciens – une réflexion et des conseils. Dans les espaces forum, ils peuvent aussi poser leurs questions et échanger leurs expériences avec d’autres parents, voire des professionnels.

Être revalorisé dans sa fonction de parent comme le fut Elisabeth par sa voisine, favoriser la solidarité et l’échange d’expériences, aider à l’harmonisation entre vie sociale et vie familiale, tels sont les objectifs des lieux de soutien qui se multiplient un peu partout depuis une dizaine d’années sous de multiples formes : groupes d’échange et de débat, services d’écoute et de conseils, cycles de formation, etc.

Sans doute le monde de la petite enfance, à travers les lieux d’accueil enfants-parents, a-t-il été pionnier dans cette démarche. « En impliquant fortement les parents au projet d’accueil de leur enfant et à la vie de la structure, nous avons développé une culture et une reconnaissance de la parentalité conçue comme une compétence spécifique à vivre en partenariat avec les professionnels », explique Emmanuelle Murcier, de l’équipe nationale de l’Association des Collectifs enfants-parents-professionnels (lire Repères). Et de défendre la variété socio-culturelle des familles engagées dans ces lieux d’accueil : « Parfois, note Emmanuelle Murcier, les différences de sensibilité ou de pratiques éducatives des familles provoquent des incompréhensions, voire des chocs culturels. Mais l’implication des parents à la marche de la structure les oblige à se parler. Au final, souligne Emmanuelle Murcier, ces échanges, mais aussi la création d’espaces de régulation, de débat et de médiation permettent de dépasser ces “chocs culturels”, pour mieux se comprendre, apprendre de l’autre et aussi, pour inventer un fonctionnement qui convienne à chacun. »

Internet ne remplace pas les rencontres

Ces sites connaissent un succès grandissant. La facilité et la rapidité d’accès de l’outil Internet y sont sans doute pour une bonne part, comme le note cette mère de famille : « Le jour où on découvre que son fils fume des joints, on est bien content de pouvoir trouver quelques infos et conseils sans attendre que l’association de parents d’élèves programme une réunion sur le sujet », confie Anne-Laure Farnier. Pour Catherine Chavelli, auteur du site accompagnerlavie.net, l’anonymat du Web est une deuxième explication. « Les parents, souvent stigmatisés aujourd’hui, n’osent pas dire leurs difficultés. Sur Internet, c’est possible car personne ne les juge. » Pour autant, elle qui a une expérience d’accompagnement tant dans le milieu de la petite enfance qu’auprès des personnes en fin de vie, insiste sur les limites de cet outil : « La relation virtuelle ne peut être qu’un premier pas, souligne-t-elle, car rien ne peut remplacer des rencontres et une entraide concrètes. » « Dans l’idéal, dit-elle encore, l’accompagnement devrait être une façon d’être au quotidien avec les autres. Accompagner un parent, le soutenir, c’est le toucher en profondeur, sans les masques sociaux, les conformismes de pensée, les bienséances, les étiquettes… »

Certaines situations familiales, parce que plus difficiles que d’autres, demandent un accompagnement et une entraide spécifiques. Là encore les initiatives sont nombreuses : c’est telle association de parents d’enfants handicapés qui organise des groupes de paroles pour les frères et sœurs ou telle municipalité qui ouvre un espace aux parents étrangers et met à leur service des traducteurs qui les accompagnent dans leurs démarches administratives. Ou encore, plus original, ce réseau « dixiemefamille.com », qui à l’aide d’Internet et s’appuyant sur le bénévolat, développe un système solidaire de soutien aux familles en situation de grande précarité ou de détresse morale (lire témoignage). Mais attention, ne nous trompons pas, martèle son fondateur et président : « Si les parents ont besoin d’être soutenus et accompagnés, certains plus que d’autres, ils ont aussi besoin d’être assurés qu’ils ne sont pas les seuls à devoir assumer la responsabilité de l’éducation de leurs enfants. »

par Agnès AUSCHITZKA.


Et chez nous ?

Qui sont les que nous rencontrons aujourd'hui sur le Lunévillois? Et nous-mêmes, comme , sommes-nous différents de nos propres ? Est-il plus difficile d'être parent aujourd'hui ? Ils sont, nous sommes,  à la recherche d'un équilibre entre foyer, travail, société...,

On serait tenté de dire que l'équilibre serait plus difficile à trouver aujourd'hui : le taux élevé de chômage, les pressions énormes exercées sur les travailleurs pour produire plus avec moins, la course contre la montre, les séparations dans les familles, le manque de cohésion sociale au niveau des valeurs, les bouleversements produit par le numérique... Tous ces facteurs créent un contexte difficile pour la vie familiale et l' des enfants.-----

Bien sûr, la plupart de ces problèmes ont déjà existé par le passé. Ce qui est nouveau, c'est qu'ils prennent de plus en plus d'importance, laissant peu ou pas de répit aux . Dans ce contexte, ceux-ci ont à composer avec ces difficultés dans des conditions de stress accru. De plus, beaucoup d'entre eux vivent plutôt isolés et ils n'ont pas de modèles parentaux proches auxquels ils puissent se référer.

Les enfants en souffrent également et l'on observe, dans les milieux scolaires et de loisirs, que de plus en plus d'enfants ont des besoins fondamentaux non satisfaits, ce qui entraîne des problèmes sérieux de comportement et d'apprentissage. Ceci complique encore le rôle des .

On SAIT que les d'aujourd'hui comme ceux d'hier nourrissent les mêmes désirs, les mêmes rêves, les mêmes sentiments pour leurs enfants. Ils les aiment et veulent pour eux ce qu'il y a de mieux. Ils s'émerveillent de les voir grandir. Ils se réjouissent de leurs progrès et sont heureux de leurs joies. Ils s'inquiètent des dangers qui les guettent et des obstacles qu'ils auront à franchir ; ils sont tristes de les voir souffrir ou subir un échec. Ils se sentent responsables et trop souvent coupables de leurs difficultés. Ils donnent le meilleur d'eux-mêmes et sont conscients de leurs limites. Ils souffrent de se sentir jugés quand leurs enfants ont des difficultés. Il peut leur arriver de se sentir dépassés, impuissants à résoudre certains problèmes, et d'avoir envie de décrocher s'ils ne trouvent pas un soutien adéquat.

Les ont besoin d'être reconnus comme les premiers éducateurs de leurs enfants et d'être valorisés dans ce rôle. Ils ont besoin de se sentir écoutés, compris. Ils recherchent des moyens pour être de meilleurs , pour mieux aider leurs enfants. Ils ont besoin parfois qu'on les aide à garder confiance en eux, en leurs enfants, en l'avenir. Ils ont besoin qu'on les reconnaisse dans leurs compétences et dans leurs ressources propres. Ils souhaitent être consultés et considérés comme de véritables partenaires quand, à l' ou ailleurs, il est question de leurs enfants.

Même si nous observons chez tous les des ressources d'amour, d'attention et un désir d'expériences positives avec leurs enfants, nous constatons des différences quant à ces ressources parentales. Beaucoup de sont mieux informés qu'autrefois quant au développement de l'enfant et à ses besoins. Ils savent mieux y répondre. Des pères s'impliquent davantage dans l'; Cependant, les ressources parentales ne sont pas toujours à la hauteur de la multiplicité des problèmes rencontrés : immaturité, dépendances, problèmes personnels majeurs, isolement, manque d'information, d'estime de soi,...
NOTRE MISSION AU SEIN DE LA CLEF, est de proposer aux profesionnels, bénévoles du champs de l'éducation et aux parents des ressources qui permettent d'y voir plus clair, de ne pas rester démunis ou isolés face à une difficulté, d'être en lien pour le meilleur !

"La parentalité, c'est le chemin que doit parcourir chaque parent. Il est fait d'émotions, de réflexions, d'expériences et de doutes qui déterminent leurs liens avec leurs enfants et mène vers l'émancipation de ces derniers."     

Pour aller plus loin sur la parentalité
Pour en savoir plus sur les actions développées par le collectif CLEF
Dossier : Parentalité et pouvoirs publics

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