CLEF 54 Coordination Lunévilloise Enfance Famille
Parents, enfants, professionnels, coéduquer pour vivre et décider ensemble
Parents, enfants, professionnels, coéduquer pour vivre et décider ensemble
Dans un livre à paraître ces jours-ci, l'ancien directeur de la Petite Enfance à Toulouse, tente de transmettre les leçons de son expérience. Instructif.
Jérôme Bonnemaison a été, de 2010 à 2014, directeur de la Petite Enfance à Toulouse. Ce Toulousain de naissance a tiré de cette expérience des leçons dans un livre adressé aux professionnels de ce secteur, aux élus locaux, aux associations et à tous ceux qui pensent que ce sujet est primordial pour l'avenir. «La petite enfance dans la cour des grands» paru le 7 septembre aux éditions Dunod, préfacé par le psychosociologue de référence, Jean Epstein...,
Pourquoi un livre de plus sur les crèches ?
À la fin de ma plus belle expérience professionnelle, je voulais transmettre des leçons vécues au contact des milliers de salariés toulousains auprès des plus petits et j'ai noté qu'il n'existait aucun ouvrage abordant la petite enfance comme une politique d'envergure. On ne trouvait que des publications de puériculture ou de psychologie. C'est symptomatique : on pense qu'il n'y a aucun enjeu global dans ces lieux, qu'on y «garde» les enfants, simplement, et que les professionnels n'ont qu'à s'y débrouiller. Or, c'est tout le contraire, et je pense même que «le social» pourrait se reformuler autour de ce premier âge.
Tout se joue-t-il dans la petite enfance, alors ?
Pas tout mais beaucoup. Notre «social» est trop palliatif ; investir dans la petite enfance nous épargnerait sans doute bien des désagréments. Même dans une approche financière, il est moins coûteux de se doter de crèches nombreuses que d'en manquer. On peut utiliser les leviers fabuleux de ces lieux de rassemblement. L'enfance réconcilie. Les rôles parentaux sont devenus périlleux et développer la petite enfance c'est aussi accompagner au mieux les parents dans cette aventure palpitante mais incertaine. On considère trop souvent les crèches, les assistantes maternelles, comme des simples pourvoyeuses de service. Sans une petite enfance bien organisée, équitable, ambitieuse dans ses projets d'accueil, l'égalité hommes-femmes devant le travail, l'insertion, sont perdantes d'emblée. L'enjeu est aussi économique, c'est un besoin social immense. Une crèche bien conçue et vivante dans un quartier, en lien avec son environnement, avec la culture par exemple, est un poumon aussi déterminant que les poumons verts dont on discute tant dans les conseils de quartiers.
Vous tenez beaucoup aux questions d'admission et de participation parentale ?
Oui, la petite enfance peut être le labo d'un service public plus démocratique et donc tourné vers la cohésion sociale. Voilà une manière intelligente de contrebalancer ce «communautarisme» qui effraie mais doit trouver face à lui des alternatives de vie, ce qui passe notamment par le pari de la transparence des admissions. Je propose des solutions en ce sens Il y a une dérive consumériste dans toute la société et la petite enfance n'y échappe pas, elle est dégradée par le clientélisme parfois. Être admis est un grand avantage, tant que la pénurie durera, elle suscitera des égoïsmes et injustices. Mais on doit d'ores et déjà, pour retisser de la confiance, éviter de réduire les familles à une clientèle qui achète des heures. J'ai vu de très belles choses émerger de ces lieux, je me souviens du festival artistique Petite enfance au musée des Abattoirs en 2014, qui avait suscité une mobilisation considérable et déclenché des dynamiques. La petite enfance mérite une plus grande attention politique, au même titre que sa grande sœur, l'éducation.
Imprimer | Commenter | Articlé publié par coordination le 15 Sep. 16 |