"Mettre les parents en prison, est ce que ça marche ?" La question agite aussi bien BBC News que le Guardian qui remettent tous deux en question 10 ans de politique répressive contre les parents des absentéistes. C'est en 2002 que Patricia Amos a inauguré la prison pour absentéisme en Angleterre. Elle a écopé de 60 jours de prison pour n'avoir pas réussi à empêcher sa fille de 14 ans de sécher les cours. Il y en a eu bien d'autres après elle  puisque 133 personnes ont été embastillées pour cette seule raison de 2005 à 2007.  

L'idée sous–jacente c'était que l'absentéisme est du à la démission de parents trop occupés ou trop laxistes. Punir les parents par une amende (presque 8 000 distribuées en 2008) ou de la prison était sensé faire réfléchir le jeune et le ramener à l'école.

C'était ignorer que l'absentéisme est plus fort dans les familles justement déjà en état de faiblesse. L'emprisonnement de la mère ou la réduction de ses moyens financiers ne fait que pousser davantage au décrochage en réduisant le lien familial. C'était aussi décider de ne pas prendre en compte les autres facteurs qui poussent à l'absentéisme : l'ennui, les difficultés dans les transports, le racket, les climats scolaires détériorés etc. Ce que constatent en ce moment les Anglais et les Gallois c'est l'inefficacité de ces sanctions. Depuis 1997 le taux d'absentéisme st passé de 0,7% à 1% alors même que le nombre de parents emprisonnés passait de 51 par an en 2002-2004 à 82 en 2005-2007. En France l'absentéisme lourd touche 1% des élèves. L'aggravation des sanctions (retenue des allocations familiales, puis amende de 750 euros, signalements) n'a pas plus réussi à faire baisser l'absentéisme. Voilà qui illustre la vanité du recours aux sanctions pour faire face à ce phénomène. Voilà aussi une raison supplémentaire pour souhaiter une réforme du lycée.

Article du Monde

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