Par l'Est Républicain
«Un vieux proverbe africain dit : il faut tout un village pour élever un enfant », aime à rappeler Philippe Meirieu. Professeur en sciences de l’éducation, « militant combattant » de l’éducation, comme se définit celui qui fut aussi prof de philo, instituteur, prof de français en lycée professionnel.
Il a été très impliqué dans les réformes menées dans les années 90. Et reste une référence écoutée tant par les responsables politiques que par l’ensemble des acteurs du système éducatif. Aussi son rappel sur la nécessité d’une « éducation partagée », thème de la conférence qu’il a donné mardi soir à Nancy au CRDP, sonne-t-il comme un signal d’alarme, « la France étant très en retard dans l’aide à la parentalité »...,

Le lien, trop distendu entre les familles et l’école passe par « un accompagnement des parents qui en ont besoin, par une responsabilité des médias qui doivent être plus sensibles à leur impact sur les jeunes, un tissu associatif et culturel vivant qui ne doit se réduire à n’être qu’un ensemble de guichets de consommation ».

La responsabilité est collective, regarde toute la société, insiste Philippe Meirieu. « Affirmer qu’on confie l’éducation de nos enfants à des professionnels revient à nourrir le sentiment que la société se défausse sur les enseignants. On aurait d’un côté la société fondée sur les principes de consommation et de concurrence, et de l’autre des éducateurs à qui on demande de former des enfants à la solidarité, la citoyenneté, précisément ce que les adultes ne feraient pas eux-mêmes ». La priorité de l’école ? « La lutte contre les inégalités. Car si l’école est aujourd’hui fragilisée, c’est que le pays n’a pas été à la hauteur des espoirs en matière de lutte contre les inégalités. Le combat à mener nécessite de la solidarité mais aussi de l’audace y compris des enseignants.
Il faut plus de soutien aux expérimentations, aux innovations, aux mouvements d’éducation populaire pour que l’école soit attractive, avec une mobilisation pédagogique pour tous les élèves ».

La refondation est-elle en route ? Oui, estime Philippe Meirieu « ni pessimiste, ni optimiste », qui estime que cela « va dans le bon sens ». Mais « il faudra observer sa mise en place sur plusieurs années ».
Par Philippe RIVET


La réforme est sauvable
"Le décret est trop rigide.. La suppression d'une demi-journée avait été, selon l'expression d'Antoine Prost, un « Munich pédagogique ». Mais le décret qui la rétablit, aurait dû non pas évoquer neuf demi-journées mais cinq jours pour permettre de libérer un après-midi pour les activités", explique Philippe Meirieu dans Vosges Matin. "Je regrette que le samedi matin soit dérogatoire. Il aurait dû être l'égal du mercredi en terme de choix. Mais une des victoires significatives de cette réforme a été de mettre sur la place publique la question fondamentale : l'équilibre de vie des enfants. Les enfants de CM2 ou de 6e dorment 1 h 30 de moins par jour qu'il y a 30 ans ! Ils passent trop de temps devant les écrans. La réforme est sauvable. Il faut un effort collectif autour de la santé des enfants.
Par le Café Pédagogique

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