Saül Karsz, c'est l'expert «parents». Ce philosophe et sociologue parisien intervient régulièrement à Nancy pour éclairer et conseiller les travailleurs sociaux. Ci-dessous un article de L'Est Républicain.
Chez lui, la sociologie, c'est une obsession. «Je suis un toxico», tant il a besoin de se nourrir de réflexions sur des questions contemporaines. Sa drogue, c'est la parentalité. Saül Karsz en a écrit des lignes et des lignes, en a tenu des conférences et des séminaires sur le sujet.
Ce philosophe et sociologue parisien, retraité universitaire, cavale partout en France pour développer sa stratégie sociale. Il vient régulièrement à Nancy éclairer les travailleurs sociaux.Il y était encore samedi pour conduire le séminaire «parentalité et lien social».
Parentalité, un «mot-valise» dit-il. Inventé en 1954 par un psychanalyste, utilisé plus couramment depuis la création en 1989 des REAP (réseau d'écoute et d'accompagnement des parents). Dans cette «valise», on y trouve l'éducation, l'autorité, les relations conjugales par rapport aux enfants, les difficultés familiales, les divorces... «C'est une tentative pour prendre en compte le fait qu'aujourd'hui il est explicitement difficile de s'occuper des enfants. ça l'a toujours été, mais l'intérêt de la parentalité montre que ça ne pas de soi, que les parents sont soumis à des réflexions contradictoires».
Saül Karsz cite l'exemple de l'école. «On demande aux familles de ne pas se mêler de l'école tout en leur demandant d'aider les instituteurs». Même contradiction «pour la police». «Pourquoi les parents n'apprennent plus aux enfants à respecter l'autorité et la loi?» Saül Karsz a une réponse: le manque de réciprocité du respect. «Si vous avez la peau un peu trop basanée, vous êtes automatiquement suspect de quelque chose». Autre cause: «Les jeunes vivent sans repères. La télé montre que respecter la loi n'est pas très rentable, même dans l'exemple de ceux qui nous gouvernent».
Dans la parentalité, «on essaie de comprendre si des parents homosexuels peuvent adopter et élever des enfants».
Accompagnement
De ce côté, elle est permissive. «Bien entendu, dans certains cas, il peut y avoir des dégâts, ce qui ne veut pas dire que chez les hétéros il n'y en a pas».
C'est aussi «dire que les familles bicéphales, les plus répandues, ne sont pas les seules. Il y a suffisamment de familles monoparentales pour dire que ce n'est pas une anomalie».
Pas question de dresser un mode d'emploi des parents ou de se substituer à eux. «C'est une prise en charge, un accompagnement». Qui commence par rassurer. En disant aux parents «que ce qui vous arrive n'est pas un malheur, mais une condition d'existence». Conditions banales parce qu'elles ont toujours existé. «Après, on peut parler de doses».
Finalement, «la parentalité mène à tout et tout mène à la parentalité. Que vous abordiez la sexualité, la famille, la politique, l'école... on passe tôt ou tard à la parentalité».
Saül Karsz conduira, toujours à Nancy, un autre séminaire sur le même thème abordant «la place de l'enfant» qui se déroulera à l'Espace Jean-Jaurès de Tomblaine, de janvier et juin.
Renseignements et inscriptions: Pratiques sociales, 74 rue de la République, 54000 Nancy, tél. 03.83.27.23.20; site: www.pratiques-sociales.org.
Gisèle MOUGEOT
Lundi 26 novembre 2007, © L'Est Républicain / ÉVÉNEMENTS
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