CLEF 54 Coordination Lunévilloise Enfance Famille
Parents, enfants, professionnels, coéduquer pour vivre et décider ensemble
Parents, enfants, professionnels, coéduquer pour vivre et décider ensemble
C’est toujours saisissant de nous voir contredire les principes mêmes qui nous fondent. Saisissant et inquiétant. Un exemple ? En pleine actualité de cette année scolaire qui vient de se terminer, avec le sentiment pour toutes et tous de vacances bien méritées ! Pour tous ? Hélas, comme le révélait la semaine dernière l’observatoire des inégalités, plus d’un quart des enfants ne partira pas vraiment en vacances, une situation qu’aggrave encore la crise économique et sociale… Ne partira pas une semaine pour découvrir une autre région, d’autres paysages, d’autres images, vivre avec sa famille dans un autre cadre ou avec d’autres enfants une expérience de vie collective… Pourtant, à l’heure de la mondialisation, de la mobilité et la curiosité affichées comme des qualités indispensables à l’insertion sociale et professionnelle, comment ne pas s’étonner d’une telle injustice ?,
Mais il y a plus perfide encore dans les contradictions silencieuses… avec la convention internationale des droits de l’enfant par exemple. Celle qui fait l’objet de nombreuses citations en cette année du vingtième anniversaire de sa déclaration. Celle qui dit dans son article 31 : « Les Etats reconnaissent à l’enfant le droit au repos et aux loisirs, de se livrer au jeu et à des activités récréatives propres à son âge et de participer librement à la vie culturelle et artistique ».
Comment les enfants peuvent-ils apporter du crédit à la force des engagements et du droit si la paresse et la bonne conscience des adultes amputent leur droit aux vacances et aux loisirs au motif de la réussite scolaire ? C’est bien de cela dont il s’agit avec la multiplication des initiatives de « colos de soutien scolaire » ou de « coaching scolaire » ou même de ces stages proposés par l‘institution scolaire elle-même. C’est le marché de l’angoisse scolaire qui grignote le temps des enfants, qui dévore ce temps qu’ils pourraient consacrer à d’autres découvertes, d’autres pratiques, d’autres éveils, d’autres savoirs et à leur repos évidemment, leurs rêves et leur imagination, les relations paisibles avec leurs proches, la camaraderie et les amitiés naissantes… toutes choses qui concourent à leur épanouissement, à la découverte de leurs trésors cachés, de leur estime d’eux-mêmes et des autres.
Les bonnes consciences intéressées nous diront qu’il faut les soustraire à la paresse des écrans, aux familles absentes et les préparer à une année scolaire à venir… Les mouvements d’éducation populaire qui accueilleront cet été avec le concours des collectivités, des CAF et plus rarement de l’Etat, des centaines de milliers d’enfants et de jeunes dans leurs centres de loisirs, de vacances, dans leurs ateliers sportifs et culturels leur répondent par avance que le temps des vacances est aussi un temps pour apprendre à vivre. Et que l’Ecole qui a déjà bien à faire durant l’année scolaire devrait aussi prendre des vacances.
Eric Favey, secrétaire général adjoint de la Ligue de l’enseignement
Source : le café pédagogique
Imprimer | Commenter | Articlé publié par coordination le 08 Jui. 09 |