Les  services et établissements sociaux et médico-sociaux se trouvent face à la nécessité, voire à l’injonction, de travailler en réseau avec d’autres services ou structures relevant plus ou moins du même domaine, ayant a minima certains objectifs en commun (public, missions, références théoriques, etc.). Il n’existe aujourd’hui plus beaucoup d’appel à projet ou de rapport d’activité dans lesquels ne sont pas demandés ou indiqués les partenaires censés contribuer au travail exposé par la structure porteuse d’une action. Les raisons avancées sont diverses : meilleure connaissance des dispositifs/structures existants, mutualisation des moyens, lien entre les différents intervenants autour d’une situation problématique. Ce travail en commun aurait pour but ultime une optimisation de l’accompagnement ou du service proposé aux usagers....,

Mais qu’implique travailler ensemble pour ces structures et notamment pour les personnels qui sont tenus de s’engager dans des relations de coopération ? Au sein des objectifs institutionnels (atteinte de publics cibles, renommée, légitimation), les partenariats se nouent entre professionnels qui ont des stratégies qui leur sont propres. Ces relations interpersonnelles sont traversées par des configurations idéologiques et psychiques, ponctuées par des confrontations et des alliances entre les sujets dont chacun incarne – plus ou moins explicitement – les orientations de son employeur.

Le poste de « chargé de mission » au sein d’une municipalité est un exemple des métiers où le partenariat est central. Ces professionnels ont pour tâche de faire collaborer différents acteurs autour d’un thème défini (handicap, parentalité, droits des femmes, politique de la ville, etc.), afin de mettre en œuvre des politiques sociales au service de certaines orientations et de certains choix. En tentant de développer des liens avec d’autres services ou institutions, les chargés de mission sont « missionnés » pour mettre en convergence et orienter, partiellement, d’autres institutions. Ce faisant, les relations institutionnelles sont empreintes de convictions et de ressentis des professionnels qui jouent inévitablement sur les modalités de mise en œuvre du partenariat.

Ainsi, en plus de travailler « en partenariat », il semble pertinent de travailler « le partenariat », c’est-à-dire la relation qui lie les professionnels à leurs homologues, les convictions et doctrines mises en jeu, les intérêts convergents/divergents des uns et des autres. Ce partenariat n’est alors plus seulement un outil pour le travail d’accompagnement d’un usager ou l’animation d’une action collective, mais une modalité réfléchie d’organisation et d’action. Travailler le partenariat demande de prendre en compte quelques uns des enjeux idéologiques et inconscients qui œuvrent dans les relations interprofessionnelles.

Oriane Delivré – janvier 2014

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