Si refonder l’école, c’est corriger les inégalités au sein du système éducatif, alors refonder l’école, c’est faire réussir les plus pauvres. Le point de vue de Jean-Paul Delahaye, Inspecteur général de l’éducation nationale et auteur du rapport « Grande pauvreté et réussite scolaire »....,

En France, sixième puissance économique mondiale, 1,2 million d’enfants, soit un enfant sur dix, sont des enfants de familles pauvres [1]. Conséquence de la détérioration de la situation économique, accentuée depuis 2008, l’augmentation de la pauvreté des enfants est un fait marquant de la période récente. Pourtant on en parle peu, en tout cas moins que la question des options de facto réservées à quelques-uns au collège.
La situation est d’autant plus préoccupante que la France est l’un des pays dans lesquels l’origine sociale pèse le plus sur les destins scolaires. L’école a une part importante de responsabilité dans ce constat, mais l’échec scolaire de trop nombreux enfants issus de familles pauvres, et la relégation qui en résulte, sont aussi les révélateurs des problèmes de l’ensemble de notre société, confrontée au creusement des inégalités.
Les écarts de réussite scolaire associés aux origines sociales mettent en danger à la fois l’école publique française et notre République car, depuis l’origine, les destins de l’école publique et de la République sont liés. A ce niveau d’inégalités, il devient absurde de parler d’égalité des chances : c’est à l’égalité des droits qu’il faut travailler.
Le rapport « Grande pauvreté et réussite scolaire, le choix de la solidarité pour la réussite de tous » (Inspection générale de l’Education nationale, mai 2015) offre donc l’opportunité de rappeler pourquoi il y a nécessité de refonder l’école, et pour qui. En réalité, c’est la même question. Savoir pourquoi refonder, assurer la réussite de tous, c’est aussi déterminer pour qui refonder. Si refonder l’école, c’est corriger les inégalités au sein du système éducatif, alors refonder l’école, c’est faire réussir les plus pauvres. Or, la refondation concerne bien sûr tous les élèves et il n’est pas question de réduire les écarts en baissant le niveau des meilleurs. Refonder l’école, ce n’est pas niveler par le bas, c’est élever le niveau de tous en centrant l’attention du système éducatif en priorité en direction des plus fragiles, ceux dont les destins scolaires sont liés à leur origine sociale.

Suite de l'article : observatiore des inégalités

 

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