CLEF 54 Coordination Lunévilloise Enfance Famille
Parents, enfants, professionnels, coéduquer pour vivre et décider ensemble
Parents, enfants, professionnels, coéduquer pour vivre et décider ensemble
Quand des personnes se réunissent autour d’un objectif commun, on parle de travail collectif. L’objectif prescrit est descendant et chaque métier a une certaine représentation de cet objectif. Chacun a une perspective différente, liée à son activité, à ses règles et normes de métier. Il est nécessaire de faire un premier travail dans le groupe, en prenant le risque d’une efficacité moyenne, pour s’aligner, se confronter, se construire un réel commun.
Selon Flore Barcellini, la « synchronisation cognitive » vise à élaborer un objectif vraiment commun, cela ne se décrète pas et cela prend du temps. « Il est illusoire de penser qu’en se contentant de réunir plusieurs métiers, ils vont réellement avoir un objectif commun par la magie du prescrit commun. Il y a donc un travail à conduire, et c’est une vraie activité, de co-élaboration de ce que peuvent être les objectifs communs. Il faut s’expliquer les choses pour avoir des objectifs communs. »
Il est nécessaire de discuter sur quelque chose de précis, dans des interactions qui visent la clarification, l’explicitation de points de vues. C’est souvent lorsque les situations, dans le micro, donnent lieu à des désaccords, des divergences d’interprétation sur les situations, qu’on va chercher à expliciter, à « régler », à interroger les normes implicites. Le désaccord n’est pas un conflit interpersonnel, mais une source de développement du “référentiel commun”.
Il faut pour cela se mettre dans une posture constructive, se dire « on n’est pas d’accord parce qu’on n’a pas la même représentation du problème, on va essayer de clarifier notre point de vue et de construire un consensus possible ».
Cette élaboration d’objectifs réellement communs, ce référentiel commun se construisent dans le faire, dans des interactions autour de choses qu’on essaie réellement de faire ensemble.
Il faut traduire le prescrit (par exemple créer la liaison école-collège) dans le contexte spécifique de chaque école, chaque établissement, chaque réseau.
Pour engager le travail d’élaboration d’objectifs commun, on peut essayer de regarder ensemble ce qui se passe dans les classes, ou plus simplement ramener dans la réunion l’ancrage du réel, avec l’aide de quelqu’un dont c’est le métier, qui va proposer des modèles sur ce qu’est le travail dans les écoles.
Les ergonomes proposent des « modèles » de l’activité, un objet représenté graphiquement qui permet de faire en sorte qu’on parle de notre compréhension de ce modèle, en s’ y ancrant. Ce ne sont pas des modèles « théoriques », mais des objets intermédiaires qui aident à se représenter ce qu’on cherche à faire ensemble. Il est intéressant de les amener tôt, pour apprendre à parler ensemble du réel, et à construire du référentiel commun (références communes) assez vite.
La question de la hiérarchie, dans le travail collectif à réaliser, est évidemment une vraie question. Le responsable de service peut être le chef de projet, ou pas. Il peut déléguer, parce qu’il n’est pas compétent sur toutes les questions, sur un projet ou sur un champ, à un coordonnateur ou à un chef de projet qui va s’assurer que les relations de travail soient le plus efficace possible. Mais cela nécessite de se donner des règles, afin qu’on puisse, dans l’espace de travail consacré au projet, enlever sa casquette de chef, qu’on collabore au même niveau, le temps du projet en cours.
Lorsqu’une prescription est conçue, elle n’est jamais recevable telle quelle. Chacun doit redéfinir, incorporer cette prescription pour en faire quelque chose. Mais avant d’avoir été confronté au « faire », réellement, on ne sait pas ce qui sera à faire. Les rôles sont à définir, ils ne sont pas définis a-priori.
« Certes, il faut commencer à se donner des règles, préciser comment chacun voit son rôle… Mais c’est en faisant ensemble que les choses vont s’affiner, les rôles se préciser. Ce processus, il faut admettre qu’il existe, et que les premiers cas qu’on va traiter seront un terrain de jeu pour se construire les règles, presque comme un jeu sérieux sur lequel on va apprendre à s’aligner, en prenant le temps de le faire ».
Au-delà de ce travail collectif, le sens de « collectif de travail » est beaucoup plus fort : ce sont des personnes qui se sont donnés des règles de travail en commun et qui sont capables de débattre sur ces règles et sur ce qui fait la qualité du travail.
Les collectifs de travail sont souvent informels. Le collectif de travail émerge dans le faire ensemble. Mais il peut y avoir du travail collectif sans que jamais un collectif de travail ne se développe.
Imprimer | Commenter | Articlé publié par coordination le 09 Oct. 17 |