Paroles de parents

"Génération (s) connectée(s)"

"Parents militants, parents engagés ou simplement parents ex-jeunes révoltés, nous ne sommes pas peu fiers, de voir à leur tour nos enfants prendre le chemin de la contestation.

Et ce « juste avec » est là sans doute une nouveauté. Dans ce mouvement, les ados ne se révoltent pas contre leurs parents, ils marchent à leurs côtés, peut-être même aux côtés de leurs grands-parents ex soixante-huitards ; trois générations de contestataires d’un jour ou de toujours refusant l’écroulement d’un monde, celui d’une certaine justice sociale. La raison de ce franchissement des générations, ne se cache pas uniquement dans le grondement social, la lassitude d’une politique transpirant l’injustice. Non, elle est aussi à chercher du côté des réseaux sociaux, de ces nouveaux outils de communication, d’échange qui nous ont appris à traverser les âges pour partager idées, liens et gags.

La jeunesse aurait pourtant de quoi se révolter aussi contre nous. La crise, le sida, le racisme, on les subissait déjà lorsque nous avions 20 ans, nous avons défilé contre, porté des petites mains jaunes au revers de nos blousons, pleuré des amis fauchés si jeunes par cette sale maladie inconnue. Mais nous n’avons rien résolu.

Alors quadras, quinquas et au-delà devons-nous battre notre coulpe, hurler notre mea culpa, déclamer notre autocritique ? J’en étais un peu là de ma réflexion brouillonne, hésitant entre la certitude d’assister à quelque chose de nouveau et l’impression d’un ratage générationnel ; lorsque j’ai entendu une nouvelle qui m’a réjouie. La France s’engageait, sous pression de la commission européenne suite aux expulsions intempestives des Roms, à transposer pleinement la directive sur la libre circulation en Europe.

Cette nouvelle m’a rendu le sourire : je n’appartiens pas à une génération vaine. En vingt ans, l’Europe s’est élargie, consolidée, a élaboré des règlements nous empêchant de sombrer happés par les démons de notre passé. Et l’Europe reste encore à peaufiner par nos enfants, de nouveaux horizons pour un avenir à construire, au delà du brouillard hexagonal".

Monique Royer - Source : Café Pédagogique