C'est un fait bien connu, au fur et à mesure que l'on s'élève dans la hiérarchie des carrières, les femmes sont de moins en moins nombreuses. Ce « dépérissement », s'observe particulièrement dans le monde universitaire, dans de nombreux pays occidentaux. En France, même si elles obtiennent de plus en plus des postes de maîtres de conférences, les femmes restent sous représentées parmi les professeurs. En science politique par exemple , 60% des maîtres de conférence sont des hommes et 77 % des professeurs (85 % avant 2011...). Et à l'EHESS, le taux de féminisation plafonne, tous grades confondus à...20%.

Ce fameux « plafond de verre » est généralement attribué au fait que les femmes seraient confrontées à des choix entre maternités et vie professionnelle. Entre faire des enfants et écrire une thèse ou des , il faudrait choisir !...,

Or, constate Camille Froidevaux-Metterie, elle-même enseignante-chercheuse en science politique, des études récentes montrent que les femmes qui accèdent aux plus hauts grades sont souvent mères de . «Les liens entre et réussite dans une carrière semblent assez distendus », a démontré la sociologue Catherine Marry, constatant dans une étude sur les chercheuses en biologie qu'au sein de son échantillon, toutes les femmes ayant mené une carrière brillante et linéaire étaient mères de alors même que celles qui composaient le groupe des « parcours amers » étaient souvent des femmes sans enfants.

« Il faut croire que les femmes tiennent le coup et ne renoncent pas, si l'on en juge par le fait que les 6 lauréates de la dernière agrégation de science politique (sur un total de 8 lauréats) étaient toutes mères ou sur le point de le devenir», ajoute C.Froidevaux Metterie, qui faisait elle-même partie de cette promotion.

Comment alors expliquer la sur-masculinisation des postes décisionnaires ? L'enseignante-chercheuse livre un constat en trois points.

D 'une part, le biais androcentré : « les femmes ne sont pas évaluées par leurs pairs mais par leurs pères. ». En outre une division inégalitaire dans le milieu universitaire, qui attribue les taches invisibles et chronophages plus souvent aux femmes (tutorat, gestion, recherche de financement, collaboration interdisciplinaire...). Enfin, constat éprouvé aussi bien dans la sphère académique qu'ailleurs, une sous-représentation des femmes dans les réseaux d'influence : «moins soutenues et moins encouragées, elles sont pénalisées dans les procédures de recrutement... »

A l'heure où les Françaises sont de plus en plus nombreuses à mener de front vie professionnelle et vie privée, la chercheuse invite à se défaire du préjugé qui associe maternité et désengagement académique et à continuer de réclamer des aménagements de la vie professionnelle, encore fortement teintée de pratiques sexistes.

Par Martine Fournier dans Sciences Humaines

 

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