© L'Est Républicain, Mercredi le 07 Septembre 2011 / Ouverture Région Lorraine 

Une étude réalisée auprès de 23.518 enfants pointe les inégalités géographiques de santé chez les 5-6 ans.La Lorraine est parmi les régions les plus touchées.

Surpoids, obésité, caries... Les petits Lorrains de 5-6 ans sont parmi les écoliers les plus touchés par ces problèmes de santé, révèle une enquête qui vient d'être publiée dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l'Institut de veille sanitaire.,

Réalisée auprès de 23.518 enfants de grande section de maternelle par Thibaut de Saint Pol, de l'Ensae (1), avec le concours des médecins et infirmières de l'Education nationale à l'occasion du bilan de santé obligatoire avant l'entrée en CP, elle offre une photographie des inégalités géographiques de santé. L'académie de Nancy-Metz, derrière celle de Strasbourg, se situe ainsi au rang des académies où les 5-6 ans présentent la plus forte surcharge pondérale (14 % des enfants contre 12 % au niveau national). « La forte prévalence observée chez ces enfants rejoint celle, élevée, des adultes dans ces régions », note l'enquête.

Les pratiques alimentaires des enfants aident à comprendre ces disparités géographiques. En renseignant tant sur l'état de santé des 5-6 ans que sur leurs modes de vie, l'enquête révèle que les régions du Nord et de l'Est sont aussi celles où les consommations quotidiennes de boissons sucrées sont les plus élevées, celles où l'on trouve le plus d'enfants ne prenant jamais de petits-déjeuners. C'est aussi dans le Nord et l'Est que les 5-6 ans restent le plus longtemps devant télévision ou jeux vidéo.

Les dents cariées, indicateur des inégalités sociales

Si l'enquête n'a pas plus pour objet d'établir de liens de cause à effet entre inégalités de santé et inégalités socio-économiques, celles-ci sont fortement corrélées : « L'obésité et les dents cariées sont de très bons indicateurs des inégalités sociales », note Thibaut de Saint-Pol : « Ainsi, si 2 % seulement des enfants de cadres ont au moins deux dents cariées, les enfants d'ouvriers sont 11 % ».

Et de rapprocher cette étude, d'une autre, réalisée par l'Insee sur la santé des plus pauvres : « On s'aperçoit que ce que l'on observe chez les adultes se retrouve chez les enfants. On va moins chez le médecin. Entrent en compte des questions de coût, de peur du dentiste par exemple, de représentation aussi, représentation du corps, représentation de l'alimentation. Qu'est-ce qu'un bon repas ? Si c'est un repas léger dans les milieux plus favorisés, ce pourra être un repas qui tient au corps dans les milieux qui le sont moins », remarque Thibaut de Saint-Pol.

La petite enfance est une période déterminante pour les politiques de santé. Petite lueur d'espoir, la prévalence de la surcharge pondérale a baissé de manière significative depuis la dernière enquête du genre réalisée en 1999-2000, passant de 14 à 12 % au niveau national : « Mais derrière cette moyenne, il reste de très fortes disparités », note encore Thibaut de Saint Pol, « il semble que les messages de prévention passent mieux dans les milieux favorisés ».

Marie-Hélène VERNIER

(1) Ensae : nationale de la statistique et de l'administration économique.

L'étude

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