via Veille Education de Veille-Education le 25/12/10

«Pour l’instant je te taperai pas». Ça, c’est une maman, à la réunion -profs de fin de trimestre. Depuis une bonne minute je n’existe plus; les nouvelles que j’avais à lui transmettre sur le comportement de sa fille en classe occupent maintenant toute son attention, et même un peu plus. «Tu savais ce que t’avais à faire ; l’ c’est pour travailler! Tu veux que ta petite sœur te rattrape? T’as déjà un an de retard, tu y penses ou quoi?» Le cocktail se fait sous mes yeux: un zeste de honte sur 10 centilitres de menace. J’essaie d’intervenir avec du positif, ma certitude qu’elle peut mieux faire, qu’avec un peu de concentration, un peu moins de bavardage et du travail à la maison…
La petite ne bouge pas d’un cil, et c’est moi qu’elle regarde., À peu près le même visage que quand je la prends en train de faire une connerie, mais en plus réussi, parce que plus authentique que jamais. Elle se raidit sous les assauts de sa mère. La bienveillance incarnée celle-là, le «c’est pour ton bien» tatoué sur les phalanges. Et sans doute l’exigence de qui a galéré tellement qu’il lui est insupportable de voir sa fille en échec.
J’attends que ça passe, parce que la maman ne m’écoute pas. Je profite d’un autre rendez-vous pour écourter l’entretien, qui n’en est plus un de toute façon. J’espère juste que la petite ira bien. Je lui souris bêtement.

Un autre jour, dans une salle de classe chauffée à blanc, parce que c’est bientôt les vacances et que tout le monde en à marre d’être ici. Un de mes élèves s’adosse à la fenêtre et commence à bavarder, l’air de rien, avec sa camarade de derrière. Je l’interpelle au bout de quelques minutes. Il prend un air sincèrement étonné quand je finis par lui demander son carnet de liaison: «J’ai rien fait! J’étais juste en train de discuter!» Là, c’est moi qui doit avoir l’air étonné. Soit c’est une preuve de mauvaise foi qui dépasse l’entendement, raffinée à l’extrême, débordant sur l’absurde le plus hors d’atteinte, soit il se fout de moi, soit je n’ai pas été très clair. Une autre possibilité est qu’il ne saisisse véritablement pas ou est le problème, mais je ne préfère pas penser aux tenants et aboutissants d’une telle réalité. Je penche donc pour la mauvaise foi.
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