Par Véronique MARTINACHE

PARIS, 15 juin 2010 (AFP) - Entre le tapis de course de maman ou la déchiqueteuse à papier de papa, la maison du XXIe siècle est pleine de nouveaux dangers pour le petit enfant avide de découvertes, mettent en garde des pédiatres à l'occasion du deuxième congrès des Sociétés de Pédiatrie.
La mortalité par accidents de la vie courante, qui ont lieu surtout au domicile, a diminué chez les enfants ces dernières années (266 décès en 2006), mais leur fréquence reste encore trop élevée. Et les services d'urgence voient émerger des risques liés à l'évolution des modes de vie ou aux nouvelles tendances en décoration.
"De nouveaux matériaux, de nouveaux équipements, de nouveaux mobiliers sont associés à de nouveaux risques", explique à l'AFP Isabelle Claudet (Centre hospitalier universitaire de Toulouse)....,

Ce sont par exemple les plateaux de table en verre. En Europe, la réglementation impose l'utilisation de verre sécurisé, mais ce n'est pas le cas partout ailleurs. Autre danger né de la décoration, les stores, dont les cordons présentent un risque d'étranglement.
Le docteur Claudet insiste sur le problème des cheminées à l'éthanol, "très esthétiques, mais dangereuses parce que le foyer est brûlant".
D'autres équipements font leur entrée à domicile, comme les tapis de course et autres appareils d'exercice. Excellents pour combattre la sédentarité, mais causes de lésions lorsque l'enfant tombe sur le tapis en marche (brûlures par friction, surtout au niveau des mains) ou se coince les doigts dans le mécanisme. Le Dr Claudet met aussi en garde contre les destructeurs de papier, ces machines qui réduisent en confettis les documents confidentiels. "Pour un enfant, c'est facile d'introduire ses doigts", avec à la clé des amputations de phalanges. "Il faut éviter de les utiliser en présence d'enfants, et les ranger de façon à ce qu'ils soient inaccessibles", recommande-t-elle.
Le danger est partout, y compris dans les faux piercings qui utilisent des petits aimants très puissants. Si l'enfant les avale, ils peuvent entraîner des nécroses et des trous dans l'intestin.
Pour les spécialistes, la prévention passe à la fois par la réglementation, la sécurisation des matériaux, mais aussi par l'éducation des familles. Valérie Hue (CHRU de Lille) cite les détecteurs de fumée. "La loi ne suffit pas, encore faut-il que l'enfant, s'il est seul à la maison, sache quoi faire".
Autre exemple, les emballages de sécurité des médicaments ou des produits ménagers. "Quelquefois, les parents n'arrivent pas à s'en servir et changent le conditionnement du produit".
Ou bien les équipements de sécurité sont détournés de leur usage. C'est le cas des sièges auto, indique le Dr Claudet. Obligatoires et indispensables "pour épargner des vies sur la route", ils deviennent cause d'accidents lorsque les parents les utilisent pour transporter le bébé, pas attaché, d'un point à un autre, ou les posent en hauteur, sur un meuble ou une table.
Le Dr Hue pointe enfin des risques "liés aux conditions socio-économiques" : feux à pétrole, logement étriqué avec des prises électriques partout et la cuisine comme terrain de jeu. C'est aussi la grosse télé à écran cathodique, accessible à moindre coût depuis l'engoument pour les écrans plats, qui tombe sur l'enfant passionné d'escalade.
"Dans l'esprit de beaucoup de gens, les accidents domestiques font encore partie de l'apprentissage. Mais à quel prix, en termes d'argent, de séquelles motrices, de brûlures", conclut le Dr Claudet.
Le congrès "Santé de l'enfant et de l'adolescent" se tient du 16 au 19 juin au Palais des Congrès de Paris.

vm/mpf/jpa


SANTÉ-ENFANTS-ACCIDENTS - 15/06/2010 06h35 GMT - AFP
--
Service : Nouvelles de France

Articles se rapportant au thème

Faites suivre !