Pas de recette miracle
Violence, évolution de la famille et de la place de l'enfant ont été quelques-uns des thèmes abordés lors de ce premier rendez-vous à thème. Ouvert à tous et animé par des professionnels.
Place des Carmes, au foyer du même nom, elles étaient une vingtaine hier matin à se retrouver autour d'un café. Et en compagnie d'Evelyne Muller, psychologue clinicienne, et d'Anne Houot, la coordinatrice de la CLEF, le Collectif Lunévillois Enfance Famille organisateur de ce premier « rendez-vous des parents », qui fait suite aux cafés-parents dans les écoles maternelles et lieux de petites enfances.
Mamans, grands-mères et professionnelles ont pu consacrer leur matinée à échanger sur l'enfance et l'éducation : pas de souci pour faire garder les plus jeunes, une salle de jeu leur était réservée avec du matériel de la ludothèque des Epis et deux professionnelles pour les encadrer. Un service gratuit.

Entre mamans, pas trop difficile de se lancer. L'une d'elle évoque ainsi les problèmes de séparation avec sa fille de 2 ans. « Lorsque je l'emmène à la garderie, c'est toujours des crises de sanglot. Elle va jusqu'à se faire vomir », témoigne-t-elle.
Une autre enchaîne sur l'agressivité à l'école, rapportant l'attitude d'une fillette qui a étranglé une autre élève en classe.

Enfants violents


Aux parents qui estiment que les enfants sont plus violents au 21e siècle, Evelyne Muller les amène à se poser des questions. « La place de l'enfant a évolué. Ses pulsions sont plus difficiles à concevoir. Il n'est pas fait que de sourires » Et la professionnelle d'inciter à leur donner des limites et à s'interroger sur la complexité de l'évolution de la famille.
La violence à l'école, elle l'explique simplement : « L'enfant va aller vers l'autre. Mais ce n'est pas toujours un contact policé. L'idéal est de reprendre ce qui s'est passé, d'en discuter. »
Une enseignante présente dans la salle abonde dans son sens : « L'important est que, même si elle n'a pas vu ce geste de violence, la maîtresse en parle avec les enfants. Car à deux adultes, dans la cour, on ne peut pas tout voir. »
Pas question de laisser tout faire. Evelyne Muller insiste: « Il est important que l'enfant intègre des règles, que les adultes leur disent que ce n'est pas possible d'agir ainsi. Mais il faut le dire avec son corps et avec sa voix. La parole de l'adulte met du décalage. Il faut lui dire ''Tu n'es pas content, tu le montres. Pour autant, tu ne dois pas faire mal aux autres et à toi-même'' ». Avant d'ajouter : « La violence est inhérente au développement, c'est la mise en acte de quelque chose d'insupportable. Cette réaction dans un collectif s'explique par le fait que cela oblige à attendre, à ne pas faire ce que l'on veut ». Et la psychologue d'avertir les parents de jeunes enfants : « La violence va se rejouer à l'adolescence. Mais pas avec la même force ».
Une des professionnelles présente évoque aussi « des parents épuisés, qui ne savent plus quoi faire avec leurs enfants. »
Evelyne Muller parle alors « l'évolution de la place de l'enfant. Il est de plus en plus privilégié. Les familles sont moins nombreuses que par le passé. Et parallèlement, il y a une demande d'enfants dans une société de consommation. Il faut dire non à un moment. C'est passer de l'avoir à l'être. » Face aux mimiques des mamans, bien habituées aux confrontations avec leurs descendants, elle les rassure : « Ce n'est pas toujours facile en tant que parent : on a envie de leur faire plaisir ! On aimerait par exemple, qu'ils ne revivent pas ce qu'on a vécu, qu'ils aient tout ce qu'on n'a pas eu. Ça suppose aussi en tant qu'adulte, un travail. Il faut se questionner ». Vraiment pas facile d'être parent à l'heure de la société de consommation : « Il y a des possibles et des impossibles. C'est sûr, il y a beaucoup de possibles. Il ne faut pas tomber dans la société de consommation qui est l'avoir. »
A ceux qui pensaient dans un coin de leur tête à Françoise Dolto, Evelyne Muller leur rappelle : « Elle n'a jamais dit qu'il fallait suivre tous les caprices des enfants. Mais qu'il était une personne ». Et de préciser : « Mon hypothèse est que la parole est une base fondamentale pour toute construction. On doit leur parler tout simplement en tant qu'adulte. »
En juin, le collectif lunévillois enfance famille compte renouveler l'opération avec un rendez-vous des parents consacré à ceux qui inscrivent leur enfant en maternelle, une situation qui génère forcément un peu de stress...

Corinne SAÏDI-CHABEUF

Jeudi 30 Avril 2009, © L'Est Républicain / LUNÉVILLE
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